Diwali. Que la Lumière soit !

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À partir d’aujourd’hui (11 novembre 2023) est célébrée en Inde l’une des fêtes hindoues les plus connues : Diwali (ou Deepawali, du sanskrit « Deepa » : lumière ; et « Awali » : alignement), la fête des Lumières.

On peut voir en Diwali l’équivalent des Saturnales, ces réjouissances populaires qui avaient lieu dans l’Antiquité en l’honneur de la Lumière personnifiée par la divinité indo-iranienne Mithra, dont le culte était prégnant dans l’empire romain des premiers siècles de notre ère. Bien d’autres fêtes païennes divinisant la Lumière ont également été célébrées dans de nombreuses cultures à l’approche du Solstice d’Hiver jusqu’à ce qu’elles aient été habilement remplacées par la fête de Noël dans un but de conversion du peuple au Christianisme.

Lors de cette fête célébrée aux alentours du jour le plus court de l’année, on calcinait sous la flamme de la Lumière tout ce qui représentait le Mal afin de connaître le Renouveau, la Renaissance de la Lumière qui – dans les jours suivants – commencerait à réapparaître (le Solstice d’Hiver étant passé, les jours rallongeraient).

Et c’est bien cette même Lumière, ce même feu – représentée plus tard sous la forme de l’étoile du berger pour symboliser la naissance du Christ (Noël) – au sein duquel sont brûlés les péchés des Hommes (mercredi des Cendres) afin que ceux-ci soient sauvés grâce à la résurrection / renaissance du fils de Dieu (Pâques).

Autre culture, autre divinité, en Inde, Diwali est consacrée à la déesse Lakshmi, pendant féminin de Vishnu, symbole d’abondance et de prospérité. Et contrairement à Noël, ce n’est pas une pseudo-divinité (flanquée d’une fausse barbe et déguisée en rouge et blanc) qui descend du ciel (à dos de rennes) pour offrir des cadeaux aux petits humains, c’est l’inverse : ce sont les humains qui apportent des cadeaux à Lakshmi pour la remercier pour les grâces obtenues tout au long de l’année qui s’achève et dans l’espoir de les attirer à nouveau pour l’année à venir.

Ainsi, les enfants et leurs parents se rassemblent dans les temples autour des représentations de la déesse (dessins, peintures, gravures, sculptures, …) auxquelles ils présentent leurs Puja (offrandes et prières). Ils allument également des rangées de luminions scintillants de sorte à éteindre l’obscurité et font résonner les bruits joyeux de pétards pour faire taire les ténèbres.

Les festivités sont étalées sur cinq journées. Cette année, celles-ci auront lieu du 11 au 15 novembre.

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Krishna et Lakshmi à l’honneur lors de Diwali.

Treize jours après la première ou la deuxième pleine lune suivant le Solstice d’Automne (cela dépend des années), on célèbre Dhanteras (Dhan Trayodashi) la naissance de Sri Lakshmi. La tradition consiste à acheter quelque chose de neuf pour la maison (vaisselle, objet de décoration, meuble, etc.) afin de solliciter la bénédiction de la déesse Lakshmi sur le foyer.

Le lendemain, Narak Chaturdashi commémore la victoire de Krishna (avatar de Vishnu, époux de Lakshmi) sur le démon Narakasura, il s’agit ici d’un symbole fort du triomphe du Bien sur le Mal.

Le troizième jour, jour de la nouvelle lune ou « jour sans lune », Diwali brille de mille feux pour la Lakshmi Puja (évoquée plus haut, cf. article qui lui est consacré : ici). Les offrandes sont également destinées à Ganesha (avatar de Vishnu à tête d’éléphant, cf. histoire de Ganesh dans l’article qui lui a été consacré ici : La naissance de Ganesh, de l’impur au divin), pourvoyeur de bonne fortune et bonne augure. Cette année, Diwali sera fêtée la nuit du 12 au 13 novembre.

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Offrandes à Ganesh

Le jour suivant, Bali Padwa, représente le nouvel an (Navu Varsh) du calendrier Vikram (Nord de l’Inde). Cela constitue la métaphore du Renouveau, l’espoir de vivre à l’avenir en Paix, dans le Bien et l’Amour. C’est aussi le jour de Gudi Padwa, la préservation du caractère sacré de l’union entre l’homme et son épouse. C’est en réalité un clin d’œil à l’une des origines de Diwali : après quatorze années d’exil, ayant vaincu le démon Râvana (symbole du Mal), les époux Râma et Sita, représentants l’idéal de l’harmonie conjugale, fûrent accueillis par les leurs sur un chemin jalonné de luminions.

Enfin, le cinquième et dernier jour, Bhai Bij (Bhai Tika) est l’occasion de fêter l’amour pur, désintéressé et inconditionnel entre frères et sœurs, qui est l’allégorie du fruit de l’amour du couple divin fondé par Râma et Sita.

D’une approche plus subtile, en cette période où les jours sont plus courts, la lumière du soleil se fait certes plus rare et moins intense. Mais…

La Lumière dont il est question est moins la lumière extérieure que la Lumière intérieure…

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Et on ne parle pas ici de l’électricité sur laquelle on ne peut pas toujours compter avec certitude pour éclairer sa maison lorsque l’on vit en Inde… (les coupures de courant y étant fréquentes).

Non, pour les Hindous, Diwali représente le pouvoir de la Lumière qui réside en chacun de nous.

Elle incite en fait à ne pas chercher au-dehors de nous-même ce qui est en fait déjà présent en nous-même, l’idée étant que la Source de notre Bonheur n’est nulle part ailleurs que dans notre propre Cœur.

Puisque les jours sont parfois clairs, parfois sombres ; puisque les expériences sont parfois heureuses, parfois décevantes ; puisque ceux qui nous entourent parfois nous aiment, et parfois non ; …, Diwali invite à prendre conscience que, l’extérieur n’étant pas en mesure de nous procurer une lumière et un bonheur constants, le mieux est encore de rechercher et de trouver cette Lumière et ce bonheur dans la seule chose que nous pouvons maîtriser un minimum… : nous-même.

Or, allumez une bougie près d’une lampe halogène, la flamme de votre bougie se fond tellement dans le décor aveuglant que personne ne s’aperçoit de la faible petite flamme.

Allumez cette même petite bougie lors d’une nuit sans lune (jour de Diwali, nouvelle lune), à l’écart de toutes les lumières de la ville et là – Magie ! – la flamme paraît immensément et abondamment vivante. A elle seule, elle vous procure la précieuse lumière qui permettra d’éclairer chacun de vos pas, vous évitant ainsi de trébucher sur les obstacles que Gansesh vous aidera à éviter.

Diwali, c’est cela. L’éblouissante puissance de notre flamme intérieure lorsque les ombres autour de nous nous font avoir peur, hésiter, voire sombrer.

Diwali symbolise la victoire de la Lumière sur l’Obscurité, de l’Ordre sur le Chaos, du Bien sur le Mal : de nos jugements, de nos craintes et de notre ignorance, triomphent la bienveillance, la confiance et la clairvoyance.

***

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तमसो मा ज्योतिर् गमय

Tamaso Ma Jyotir Gamaya

Puissions-nous être conduits de l’obscurité à la Lumière !

Happy Diwali à chacun, à chacune, à tous et à toutes !

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Photos :

– Figurines de Krishna et Lakshmi en bois de santal, Mysore, Karnataka, Inde (août 2016)

– Offrandes à Ganesh, Daksha Mahadev Temple, Haridwar, Uttarakhand, Inde (mars 2014)

– Puja, Daksha Mahadev Temple, Haridwar, Uttarakhand, Inde (mars 2014)


10 réflexions sur “Diwali. Que la Lumière soit !

  1. Elle est jolie cette conclusion pour parler de cette fête :  » Diwali, c’est cela. L’éblouissante puissance de notre flamme intérieure lorsque les ombres autour de nous nous font avoir peur, hésiter, voire sombrer.
    Diwali symbolise la victoire de la Lumière sur l’Obscurité, de l’Ordre sur le Chaos, du Bien sur le Mal … »

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  2. Bonjour,

    Eh bien dites donc ! Ce texte suscite bien de l’irritation chez vous on dirait 😀

    Alors d’abord merci pour cette rectification de vocabulaire, « flanqué » était en effet la formulation correcte.
    J’ai écrit ce texte il y a 5 ans et ne l’ai pas relu depuis, je change juste les dates chaque année pour l’actualiser. Je vais corriger de ce pas, merci.

    Pour le reste…

    Alors… pourquoi j’ai utilisé le terme « pseudo-divinité » ? Eh bien vous le dites vous-même juste après avoir témoigné de votre agacement par rapport à cette formulation : quelqu’un à qui l’on attribue le pouvoir de récompenser les bonnes actions et de punir les mauvaises (ce qui n’est néanmoins pas le rôle du père Noël mais celui du père Fouettard, mais bon à mon sens c’est juste le recto et le verso d’une même pièce), qu’est ce d’autre sinon une divinité ?
    Et, depuis de nombreuses années maintenant, plus précisément une divinité de la consommation puisque les récompenses sont des cadeaux et ces derniers sont offerts même aux enfants les moins sages… parce que, pardonnez-moi mais je vous reprend : le rôle moralisateur du père Noël n’est pas « un peu oublié » comme vous l’écrivez… Le « un peu » est de trop…

    Je continue.
    Vous dites « dans vos croyances »… Ah bon ! Parce que je suis hindouiste ? Vous me l’apprenez ! Je ne savais pas que quelqu’un qui communique avec moi pour la première fois puisse savoir mieux que moi ce en quoi je crois ou non…
    Trouvez-moi un seul passage de texte dans tout ce que je partage ici où je revendique mon appartenance religieuse, de quelque nature puisse t’elle être !
    Alors je vais peut-être vous apprendre quelque chose : ce n’est pas parce que l’on parle de quelque chose que l’on en est un adepte…
    Je parle des croyances hindouistes dans la mesure où je m’intéresse au yoga et fais en sorte de le transmettre du mieux que je peux et le yoga ayant pris naissance en terre hindouiste, on ne peut l’étudier sans se pencher un minimum sur le contexte socio-spirituel dans lequel il a été créé et a évolué avant de nous parvenir à nous Occidentaux. Sinon ça reviendrait à lui faire subir le même sort qu’au père Noël et que j’ai souligné avec ironie dans ce texte : enlever tout l’aspect spirituel et symbolique et n’en faire plus qu’une chose commerciale. C’est ce qui se passe un peu pour le yoga du reste… mais pas complètement heureusement, et j’essaie justement à mon tout petit niveau de laisser apparentes les racines qui de plus en plus sont recouvertes d’une sauce plus vendeuse…

    Je vous rejoins certes sur le fait que Diwali et d’autres fêtes hindouistes sont propices à un gaspillage et à une pollution que l’on ne peut évidemment que déplorer. Mais je n’y suis pour rien alors n’allez pas faire de moi une quasi complice de tout cela…
    Je ne parle pas de ces choses là, c’est un parti pris de ma part. Ce n’est pas pour autant que j’en nie l’importance. Mais je reste juste à ma place en parlant de la symbolique des choses.

    Pour terminer, je ne prétends à aucun instant apporter des analyses et interprétations « neutres » comme c’est ce que vous semblez attendre. Je ne suis pas journaliste, ni quoi que ce soit d’autre d’ailleurs. Ce que je partage ici c’est justement mes interprétations.
    Alors votre « merci de toutes les respecter et de ne pas les critiquer négativement avec une interprétation non neutre », eh bien non en fait. Ce site internet m’appartient, je paie chaque année pour y publier des textes que je partage sans rien attendre en retour, c’est mon espace d’expression. Je ne demande rien à personne alors qu’on ne me demande rien non plus. Si ça ne plaît pas, qu’on aille voir ailleurs, je ne force personne à venir ici pour me lire. Je ne suis pas là pour vous plaire, si ça vous dérange, ne me lisez pas et allez sur des sites qui correspondent à votre façon de penser ou créer le vôtre pour y partager vos propres réflexions.

    Et si vous cherchez de l’interprétation neutre, déjà je peux vous dire que vous ne trouverez jamais puisque par nature, l’interprétation n’est jamais neutre. Vous qui semblez être à cheval sur le vocabulaire, vous devriez le savoir, non ?
    Et quand bien même, si vous recherchez de « l’information neutre » , je doute tout autant que vous puissiez trouver, car au risque de vous décevoir, la neutralité et l’objectivité n’étant que des illusions dans ce monde.

    Bref. Dans tous les cas, le mieux est de ne pas me lire, ça vous épargnera de gaspiller de votre temps à me faire part de votre mécontentement si les contenus de mes réflexions vous dérangent.

    Bonne journée.

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