Attention ! Méfiez-vous du Yoga !

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Vous avez l’intention de démarrer le Yoga, vous venez de vous y mettre ou, pire encore, vous pratiquez déjà ? Attention ! Vous courez de grands dangers ! C’est d’autant plus sournois que vous ne vous attendez pas à ce qui justement vous attend. Personne ne vous a mis, ne vous met, ne vous mettra en garde à ce propos alors il faut bien que quelqu’un s’en charge.

Avant tout, ce qui est indispensable de savoir c’est que, par la pratique, beaucoup de choses risquent de changer dans vos vies, et bien plus que vous ne pourriez imaginer.

Et puisque le pacte scellé avec le Yoga contraint à établir la vérité, aussi cruelle soit-elle, autant vous dire tout de suite que la première chose qui va changer c’est vous-mêmes. Ahhh ! Ça fait peur ça, non ? Il y a de quoi.

Si vous changez, vous n’êtes plus à l’abri de rien ! Parce que le Yoga vous démasque, vous déshabille, vous dépouille jusqu’à ce qu’il ne reste plus que la pulpe de vous-mêmes. Toutes ces couches, là, qui, croyez-vous, préservent jalousement le trésor que vous êtes vont une à une être effeuillées par la pratique. Et c’est terrible parce que tout ça se fait progressivement, insidieusement, subrepticement, sans que vous en soyez prévenus, sans que vous en perceviez le moindre indice, sans que vous n’entrevoyiez un seul rouage du processus en cours. Et lorsque vous finissez enfin par vous en apercevoir, il n’est alors hélas plus possible de revenir en arrière.

Avec un peu de chance, vous réussirez peut-être à arrêter de pratiquer pour vous sortir de là avant qu’il ne soit trop tard. Peut-être… Mais, ne vous réjouissez pas trop vite parce que la plupart de ceux qui sont parvenus à arrêter ont fini par retomber dans le piège. Car le Yoga est un grand manipulateur : il attire ses proies, leur fait croire qu’elles peuvent arrêter quand elles veulent, leur laisse la liberté de le quitter, et puis il les hante en laissant des traces de lui dans leur corps, dans leur esprit, dans leur souffle qu’il a déjà réussi à façonner suffisamment pour leur donner envie de revenir à lui.

Le Yoga est une drogue, un poison qui se distille dans vos veines jusqu’à ce que vous respiriez chaque bouffée d’air comme si elle était la première et la dernière. C’est ce Prâna, ce Souffle Vital, qui vous rend dépendant. Et c’est infernal parce que, au fil de la pratique, vous êtes obligés d’augmenter la dose. Au début, vous décidez de pratiquer une fois par semaine. Puis, peu à peu, naïfs que vous êtes, vous vous dites qu’une deuxième séance par semaine ne serait pas de trop. Et, tout à coup, sans que vous l’ayez vu venir, vous vous retrouvez à devoir pratiquer quotidiennement.

Alors vous vous demanderez comment vous avez pu en arriver là. C’est vrai ça ! Comment ?

Au départ, vous cherchiez juste à soulager deux-trois douleurs à droite-à gauche, on vous a conseillé de pratiquer le Yoga – « C’est pour ton bien. » – et vous avez suivi ce conseil…

[ Ne jamais suivre les conseils de ceux qui vous veulent du bien, vous devriez savoir ça pourtant ! ]

Et vous voilà atterri à votre premier cours dans lequel vous avez l’impression d’être l’objet insolite à débusquer – « Bon sang ! Qu’est-ce que je fais là ? ».

Et puis vous écoutez un inconnu (le prof) qui semble savoir de quoi il parle – est-ce bien le cas ? Ça, personne ne le sait, pas même lui.

Et, docile, vous faites ce qui vous est dit de faire avec application et crédulité.

Ha ha ! Elle est là la première erreur de débutant : croire son professeur ! Attention ! Il va très vite devenir votre dealer. Au début vous suivrez innocemment ses cours et puis par la suite vous lui demanderez des conseils après les cours. Et malheur à vous si vous vous aventurez à prendre des cours particuliers parce qu’il va vous donner des pratiques à faire chez vous jusqu’à ce que le Yoga devienne aussi essentiel à votre vie que dormir, manger et faire pipi.

On ne se méfie jamais assez des profs de Yoga. Ils vous contaminent le virus qui leur a été à eux-mêmes inoculé. Ce sont des victimes eux aussi. Ayons pitié.

Parce que ce virus est terrifiant. Vous le ressentez dans chaque parcelle de votre corps, à travers chaque pore de votre peau, dans chaque cellule de votre esprit, dans chaque molécule d’air que vous inspirez, …

Il se passe quelque chose…

Et soudain, vous vous rendez compte de tout ce qu’il y a à découvrir, de tout ce potentiel d’expérimentation qui était resté jusque là inexploré, de toute cette vie restée vierge par ignorance ou par préservation. Et le pire dans tout ça c’est que tout cela vous appartient depuis toujours et ce n’est que maintenant que vous en prenez conscience. Et ce genre de prises de conscience, c’est sacrément inquiétant. Ça vous change un être. Ça vous le rend vivant.

La stratégie du Yoga est malicieuse parce qu’il commence par votre corps, histoire de préparer le terrain pour le chantier qu’il compte mettre en œuvre. Vous ressentez votre corps s’assouplir, se tonifier, gagner en stabilité, en force, en amplitude, en aisance, en confort, … A vous de compléter la liste. Vous trouvez ça bien. Erreur ! A cause de cela, vous allez perdre peu à peu toutes ces fabuleuses occasions de vous plaindre (parce que vous avez mal, parce que vous êtes raides, parce que ceci, parce que cela, …). C’est tellement pratique la douleur ! Quand on a l’habitude de ressentir son corps à travers et grâce à l’inconfort, c’est évidemment déstabilisant et perturbant de perdre ce point de repère auquel on s’était d’une certaine manière attaché…

Mais ça, ce corps là qui change au point que l’on finisse par s’y sentir mieux, au point même que l’on finisse par s’y sentir bien, ce n’est rien à côté du reste.

Il ne serait sans doute pas raisonnable d’évoquer la vacuité à laquelle votre esprit devra être confronté à mesure où vous avancerez dans la pratique… Mais ce serait inhumain de vous laisser dans l’ignorance des menaces qui vous guettent, tapies dans l’ombre de votre tapis. En voyant s’évacuer le festival de pensées qui s’entassent, se disputent et s’emmêlent dans votre tête depuis des années, votre mental va peu à peu devenir de plus en plus léger, de plus en plus clair, de plus en plus doux. Et tout cet espace libéré sera la porte ouverte à tous les fléaux : concentration de l’attention sur une chose à la fois ; appréciation de ce que vous vivez à l’instant présent ; équanimité et paix intérieure face à la nature changeante de l’existence ; bienveillance et gratitude envers tout être, vous le premier ; etc. En dire davantage tiendrait de la perversité. Sachez seulement qu’il vous faudra développer une infaillible faculté de vigilance pour ne pas laisser la clairvoyance vous éblouir et vous contraindre à rayonner.

Mais le pire – le pire ! – c’est que votre souffle va devenir aussi fin, fluide et subtil qu’un filet de soie. A tel point que les barreaux de votre cage thoracique vont finir par sortir de leurs gonds pour délivrer votre cœur de toutes les ronces qui l’étouffent. En voilà une calamité ! Non content de détricoter l’une après l’autre chaque maille de votre armure, le Yoga ambitionne même d’aller jusqu’à vous mettre à nu, le cœur exposé à l’ardeur de tous les soleils et à la fraîcheur de tous les vents. Soyez prudents ! La caresse de l’air vous semblera plus vive et plus intense. Vous risquez même de vous sentir plus vivants. Personne ne peut sortir indemne de ça !

A cause de ça, tout le reste de votre vie va être complètement bouleversé. Vos relations avec les autres et avec vous-mêmes s’en retrouveront profondément modifiées. Ce changement sera tellement puissant que vous vous demanderez comment jusqu’ici vous avez pu exister. C’est vrai ça ! Comment ?

Hé bien peut-être que le plus grand danger à craindre du Yoga c’est cela : il vous fera prendre conscience que jusque là vous n’existiez pas vraiment, pas complètement, pas totalement.

Vous attendiez que Cela arrive pour vous réveiller et vous éveiller.

Et Cela est arrivé.

Et c’est sans doute la chose la plus grave qui pouvait vous arriver.

Parce que… maintenant… comment faire sans ?

Méfions-nous du Yoga ! Il n’a rien d’innocent : une fois qu’on a commencé, impossible d’arrêter.


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