
Souvent, lorsque l’on parle de Yoga et de pratique spirituelle dans un sens plus large, on parle de « transformation » : par la pratique, à partir de cet état supposé incomplet et imparfait où nous sommes et que nous sommes, aller – ou plutôt, tendre – vers un autre état, quant à lui magnifique et magnifié, sublime et sublimé.
Mais dit ainsi, sous ce terme – « transformation » – cela laisse à penser que nous n’y sommes pas, qu’il faut aller chercher cet état qui ne nous est pas inné et qu’il nous revient d’apprendre à acquérir par notre effort, par le feu – ce feu transformateur – de la pratique :
En quelque sorte, passer de l’état cru, brut, amer et indigeste à l’état cuit, raffiné, nourrissant et délicieux. (Voir aussi ici : Souffler sur les braises du feu de la transformation)

Mais, en vérité, lors de cette cuisson, il n’est pas nécessaire de retirer (éplucher) ou d’ajouter (assaisonner) quoi que ce soit à ce que nous sommes déjà.
Ainsi, au lieu de transformer – ce qui implique de changer la nature de ce qui est – il s’agit bien plutôt de révéler cette nature que nous incarnons déjà ; oui, de révéler tous les arômes subtils que nous portons en fait déjà en nous et surtout, surtout de prendre conscience que justement nous les portons déjà en nous :
Aucune intervention extérieure, transformatrice, ne nous est nécessaire ; c’est un processus intérieur, révélateur, qui en nous s’opère.
Pour nous révéler, le plus grand effort revient alors en fait à abandonner justement tout effort pour nous changer.
Il n’y a pas de fin (dans les deux sens du terme : objectif et achèvement).
Ce changement – ou plutôt, si l’on suit ce qui a été soutenu plus haut, cette révélation – est un conséquence. Pas une fin.
Et cette conséquence ne survient pas à hauteur de la sueur et des larmes – qui seraient brandies comme preuves de mérite – que l’on a pu sacrifier sur l’autel de la pratique : (se) détruire pour devenir ne rime en fait à rien. Il ne s’agit là que d’une esthétisation de la souffrance.
Alors que…
… Il n’y a pas à tendre vers et donc pas de volonté, pas d’orientation, pas de direction. Et là aussi, on peut comprendre « direction » dans les deux sens du terme : « diriger » au sens géographique pourrait-on dire, c’est-à-dire d’un point (ce que nous sommes) vers un autre (ce que nous devons devenir) ; mais aussi « diriger » au sens de contrôler, commander, soumettre, voire assujettir.

En d’autres termes, nous n’avons en fait pas à devenir. Nous sommes.
Dès lors, nous n’avons pas à nous transformer. Juste à nous révéler.
La pratique n’est donc pas transformatrice. Elle est révélatrice.
Nous n’avons pas à faire. Mais à nous laisser faire.
Pas à pratiquer. Mais à nous laisser pratiquer.
Nous mettre sur le feu de la pratique. Et laisser celui-ci agir au cœur de nous-même.
Et que notre Cœur – peut-être cadenassé, verrouillé, condamné par l’ignorance et la peur – puisse, par ce feu révélateur, être rendu à sa liberté, à sa vérité et à sa réalité qui n’est autre que Conscience pure et Amour absolu.
C’est ainsi déjà crépitant au fond de nous ! Il convient juste d’éveiller ce Souffle que nous ignorons incarner pour révéler cette Lumière ardente et divine qui vibre en chacun de nous.
Il est dit que l’état de Yoga est l’état d’Union.
L’Union de la Posture avec le Souffle (la synchronisation de l’un avec l’autre dans la pratique), du Corps et de l’Esprit (l’unité de l’un et l’autre en ce seul être que nous sommes), de l’Autre et de Soi (qui ne sont en réalité pas deux entités séparées), de l’Humain et du Divin (qui n’ont jamais fait autre qu’Un).
Mais rien n’est à transformer – ni nous, ni quoi, ni qui que ce soit – pour tendre vers et atteindre cet état d’Union.
Voilà la révélation.
Et quelle révélation !
***
Photos : Le divin extraordinaire est dans l’humain ordinaire :
Un beau texte comme à chaque fois pour nous rappeler ce que nous sommes vraiment et qu’il n’y a rien a faire d’autres qu’à laisser faire. Nous avons déjà tout ce qu’il nous faut et tout est déjà là. Merci pour tes mots, ils permettent à chaque fois de se rappeler comme tu dis qu’il suffit d’être, de se laisser respirer et de se laisser pratiquer sur le tapis et dans la vie.
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Namaste Letizia 🙂
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