C’est pourtant très simple.
Mais on l’oublie souvent.
Jusqu’à ce que ça se rappelle à soi…
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Hier soir, vers la fin du cours que je donnais, j’ai eu le sentiment d’avoir une révélation.
Quelque chose de très simple pourtant.
Que je sais déjà.
Que tout le monde sait déjà bien sûr.
Mais le ressentir ainsi, aussi intensément, avait l’essence d’une révélation.
Sous mes yeux, j’avais 13 personnes, adultes, déposées à terre, délivrées du devoir de faire quoi que ce soit, simplement là, présentes, et que j’avais juste invitées à se tourner sur le côté, en chien de fusil – en position foetale en fait – à partir de laquelle je les ai guidées à progressivement se déployer.
Comme une feuille enroulée sur elle-même par la sécheresse et qui, peu à peu, se réanimerait après avoir été arrosée.
Tout cela je ne l’ai pas dit.
Mais je l’ai vu.
J’ai utilisé le moins de mots possible. C’était suffisant.
La sobriété suffisait, je n’ai pas eu besoin de dire.
Ce n’est que maintenant que je peux poser les mots sur ce que j’ai vu.
Et, je l’avoue, qui m’a bouleversée intérieurement.
Comme un don inattendu.
C’est très simple.
Sans doute même trop pour parvenir à l’expliquer.
Ça pourrait presque sembler simplet.
Ces personnes se sont offertes hier soir à moi (et je les ai reçues) dans leur vulnérabilité d’êtres vivants comme si, à chaque instant, elles étaient en train de naître à elles-mêmes.
(À donner beaucoup de cours et presque tous les jours, parfois je ne vois malheureusement plus toujours de manière aussi précise ce cadeau qui m’est pourtant donné chaque fois.)
J’ai senti la Vie en elles.
À travers elles.
Vraiment.
Respirer.
Et battre.
Comme un seul cœur partagé.
À la fois humain, végétal et animal.
Organique.
Je me suis rappelée qu’avant d’être telles qu’elles sont actuellement, elles ont été des bébés.
[ Avant d’être tel(le)s que nous sommes actuellement, nous l’avons toutes et tous été. ]
Des bébés qui ont eu tout à apprendre et qui là, sous mes yeux, ont maintenant tout à désapprendre pour réapprendre simplement l’essentiel : n’être à nouveau plus que de bébés qui viennent en fait tout le temps à peine de naître.
Réapprendre à tout instant de n’être plus que la Vie qui vient toujours à peine de nous choisir pour s’incarner.
***
C’est pourtant très simple.
Mais on l’oublie souvent.
Jusqu’à ce que ça se rappelle à soi…
Illustration : Benjavisa Ruangvaree
Merci pour ce partage, je suis toujours touchée par ce que vous écrivez : à la fois sincère et si vrai. Gratitude.
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Je suis moi aussi touchée Sylvie que vous puissiez être aussi réceptive à ce qui atteint mon cœur et que je ressens le besoin de partager ici. Belle journée à vous !
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Oui, touchant et illustration superbe en prime ;))
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Oui j’aime beaucoup le travail de cet artiste 🙂
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Bonjour
Merci pour ce partage
Cela m’a fait penser à un livre « du silence « david Lebreton où il parle du silence et le sacré :p232…. les mots pour exprimer ce qui reste inexprimable car tellement intime et en même temps tellement riche à partager : l’expérience du Sacré
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Merci pour ce partage, oui c’est vrai, tenter d’exprimer ce qui ne peut l’être a toujours quelque chose de sacrilège un peu et le silence est sans doute ce qui rend le mieux honneur au sacré.
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