
Laisser le Cœur entre les mains de la Déesse,
L’abandonner à plus vaste que soi ;
La laisser le toucher, en jouer,
Et en délivrer le Son sacré,
Comme un hymne secret prêt à se déployer
Lorsque tout se tait pour pouvoir l’écouter,
Lorsque tout s’éteint pour le regarder enfin,
Et le voir, et l’entendre,
Le sentir,
Vibrant, puissant et si tendre,
L’Au-delà déguisé en musique de chambre,
L’Absolu résonnant au sein sang de l’Intime
Son et Soi incarnés,
Saint maître à bord du vaisseau,
Libre de ne rien posséder
Mais de tout embrasser
En un baiser divin qui se donne
Sans dévorer, ni avaler,
Sans cracher, ni dégueuler
Juste donné, sans saisie ni rejet
Cœur de la Conscience,
Cœur-Unité,
Cœur de la Présence,
Cœur-Entier
Où tout naît, berceau du Tout créé
Où tout paît, pré faim du Tout nourri
Où tout s’éprouve, s’épreuve et s’abreuve,
Champ et Source,
Chant et Eau
Bénite par Celle qui, de par son étreinte,
L’accorde au cœur même du Désir qui jamais ne s’éteint,
Infini aux deux mains qui,
Prolongement du Cœur,
Se joignent pour s’unir
En prière vivante à Lui
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Illustration : Sarasvatī, Catrin Welz-Stein