
Se confier à la nuit et se remettre entier entre ses bras étoilés dans lesquels se fondre comme un sucre dans la tasse pleine du ciel.
Déjà déshabillé de tout ce que la journée écoulée a fait, défait ou n’a pas fait de nous.
Libre de tout regret.
Et encore dévêtu de tout ce que le prétendu demain fera, défaira ou ne fera pas de nous.
Libre de tout projet.
Se confier à la nuit, nu de toute volonté, s’abandonner à elle comme une plume tombée du ciel jusqu’au nid de la terre juste pour s’y déposer.
Et simplement habiter, et se laisser habiter par, le souffle.
Le souffle dans le corps.
Et le corps dans l’espace.
Et l’espace dans le corps.
Et le corps dans le souffle.
Écouter.
Écouter la surface des sons extérieurs.
Jusqu’à la profondeur des sons intérieurs.
Et le son au-delà des sons.
Le son que l’on n’entend pas mais qui lui nous écoute.
Et nous entend.
Et sentir.
Se sentir disparaître.
Dans le son présent dans le souffle présent dans le corps présent dans l’espace. Ou l’inverse.
Peu importe.
Disparaître. Et apparaître là où l’on ne sait rien, ni de soi, ni de rien.
Libre de devoir décider de qui des deux est sommeil ou éveil.
Car en fait, qui le sait ?
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Illustration : Elisa Talentino