
Si l’on cherche la clé,
C’est bien que l’on se croit enfermé,
Que ce soit en dedans : impossible de sortir,
Ou dehors : impossible d’entrer,
Le traffic nous paraît donc bloqué
Si l’on cherche la clé,
Que ce soit liberté
Ou bien sécurité,
C’est que quelque chose en nous se sent comme incomplet,
En recherche de ce qui semblerait nous manquer
Mais,
S’il nous semble manquer de quelque chose,
C’est donc que quelque part un désir est comme insatisfait
Quel est-il ?
L’est-il vraiment ?
Si ce désir nous apparaît,
C’est bien qu’il y a un sentiment de distance,
Entre ce qui est
Et ce qui serait s’il était satisfait,
Et s’il y a distance,
C’est bien qu’il y a espace ;
Respirer dans cet espace alors,
Respirer.
Et observer.
Tant que l’on est obnubilé
À chercher la clé,
Ou la solution, ou la réponse, ou la liberté, ou la sécurité, etcetera, etcetera,
On ne peut réaliser qu’il n’y a en fait pas de porte,
Ni même de murs,
Que ces derniers c’est nous-mêmes qui les bâtissons par nos questions,
Fermées les questions, oui ou non, noir ou blanc, ou bien ou bien, tout ou rien…
Que les questions soient alors ouvertes,
Comme les portes,
Qu’elles ne réclament ni réponse,
Ni clé,
Qu’elles se suffisent à elles-mêmes,
Plutôt qu’en exprimant un manque à combler,
Qu’elles soient témoins d’une plénitude,
Vaste, vaste,
Comme une ligne d’horizon qui se déplace au rythme de nos pas,
Sans que jamais on ne parvienne à la saisir,
Et sans pour autant courir après comme le ferait un fou avec un filet pour attraper les papillons qui, plus il s’agite, plus lui échappent,
Comme une ligne d’horizon qui n’est pas à atteindre,
Mais à contempler,
Et en même temps,
Sans pour autant tomber dans la passivité :
On sait qu’on ne la saisira et qu’on ne l’atteindra,
Et pourtant, cela ne nous empêche pas de continuer à avancer,
Vers elle, droit devant,
Mais sans tension,
Sans tension de celui/celle qui continue à vivre en paix, renonçant à l’Immortalité qu’il/elle sait qu’il/elle n’atteindra jamais, et l’incarne ainsi lui/elle-même dès lors plus que jamais…
Abandon à l’Abondance,
Et si c’était ça la clé ?
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Dessin : Moëbius