
Ces jours ci nous sommes en plein Diwali. Lors de Diwali, mise à l’honneur, c’est Lakshmi. Lakshmi et ce qu’elle représente aussi : l’abondance, la prospérité, la richesse, etc. Pas que matérielles bien sûr, mais ça, je l’avais déjà évoqué ici : La Venus Lakshmi, étoile de Lumière et déesse d’Abondance.
Profitons alors de l’occasion pour aborder un peu plus concrètement la notion de richesse, de valeur, et peut-être même de valeurs, car pluriel et singulier sont en fait inter-reliés. Non pas la valeur de ce que l’on a mais la valeur de ce que l’on est et qui est aussi constituée des valeurs que l’on porte en soi et que l’on tend à cultiver.
Quelle est ta valeur ? Quelle est la mienne ?
Parfois haute, parfois basse, souvent autant sinon plus fluctuante que les cours de la bourse. Quoi qu’il en soit, inestimable sans aucun doute.
Inestimable alors que tout s’organise pour l’estimer (bonne ou mauvaise) la peser (lourde ou légère), l’évaluer (chère ou bon marché).
Inestimable alors que tout se met en place pour sans cesse comparer, noter, commenter, louer, blâmer, adorer ou bien détester.
De quoi dépend notre valeur ? De qui peut-être ?
À quoi, à qui donnons-nous le pouvoir de la déterminer ?
Pourquoi faut-il encore et encore et encore se rappeler jusqu’à la moelle que :
Non, si tu as moins de clients, de patients, d’élèves, etc. en ce moment, ça n’est pas la preuve que tu es mauvais.e, que tu vaux moins que rien et que tu ferais mieux de tout arrêter.
Et à l’inverse, si ton carnet de commandes, ton agenda, tes cours, etc. sont plus remplis que jamais, cela ne signifie pas non plus que tu es bien meilleur.e que tu ne l’as été, que tou.te.s les autres et même que le monde entier.
Non, si ton histoire d’amour, d’amitié, de tout ce que tu vis, s’est abîmée, s’est effondrée, s’est achevée, ça n’est pas le signe que tu es totalement sans attrait, dénué.e de tout intérêt et que tu n’es vraiment qu’un.e raté.e.
Et à l’inverse, si tu files ce qui te paraît être un bonheur parfait et que tout semble te sourire à dents de diamant, cela ne veut pas dire pour autant que tu as l’envergure d’un.e grand.e seigneur.e dans son palais.
Non, si tu n’as aucune pratique spirituelle, si tu en as strictement rien à secouer du divin, du sacré, que tu ne suis même pas une thérapie pour mieux te connaître ou pire pour devenir une meilleure personne, ça n’est pas pour cela que tu en es une mauvaise.
Et à l’inverse, si tu pratiques le yoga depuis ce traumatisme atroce dont tu aurais pu mourir et que ça t’a sauvé la vie, si tu as suivi 72,5 retraites de méditation, rencontré 149,62 authentiques maîtres éveillés, visité 357,24 lieux sacrés, tu n’as pas pour autant plus de mérites sur l’échelle de la sainteté.
Et on pourrait tellement encore en rajouter…
Que faire alors ?
On a beau se laisser manipuler par notre esprit qui étiquette ceci comme succès / cela comme échec, preuves suprêmes de notre honorable ou de notre médiocre valeur sur le marché qu’il soit professionnel, sentimental, spirituel et j’en passe.
On a beau bien se rendre compte des (grosses) ficelles qui nous tirent sans cesse tantôt vers le haut aux nues, tantôt vers le bas au gouffre.
On a beau parfois réussir à désamorcer le mécanisme ronronnant lorsque, par la grâce de notre discernement, l’on parvient à le débusquer.
Il y a encore tous ces moments où nous sommes traversé.e.s par les questionnements autour de notre valeur qui tantôt nous donnent un élan fulgurant mais tantôt nous freinent et nous malmènent.
Que faire alors ?
Traverser la surface de ce que l’on a, de ce que l’on fait, de ce à quoi l’on ressemble, et même de que l’on croit que l’on est.
Traverser la surface. Plonger au-dedans. Profondément. Plus profond encore.
Là où, indépendamment de quoi et de qui que ce soit, indépendamment même de nous-même et de notre propre jugement que l’on se porte en permanence sur soi-même.
Là où, loin des retentissements d’un regard flatteur ou dévalorisant, d’une remarque élogieuse ou accablante, notre valeur est et reste inchangée, stable, inestimable en fait et même de fait.
Ni au-dessus ni en-dessous de ce qu’elle est intrinsèquement. À sa place. Là où elle n’engraisse ni affame l’ego et sa quête inlassable mais épuisante d’être approuvé, validé, gratifié … aimé…
Et jouir alors de toute l’énergie laissée dès lors disponible pour créer, pour vivre en fait, simplement, libéré.e de l’emprise de ce qui en résultera, peu importe, créer pour créer, vivre pour vivre, pratiquer pour pratiquer, relationner pour relationner, etcetera.
Animé.e par les valeurs que l’on cultive et qui nous cultivent, porté.e par le souffle de ce qui nous tient à cœur, incarnant juste ce qui n’a pas besoin en nous d’être aimé car ça l’est déjà, toujours, indépendamment de quoi et de qui que ce soit.
Et depuis cette valeur inestimable et inaltérable manifestée au cœur de nous-même, créer, vivre, pratiquer, aimer, semer, quel qu’en soit le prix, quel qu’en soit le fuit, enrichi.e du don de soi que représente notre propre vie.
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Illustration : The Noble Tree, Annelie Solis