
Progresser dans sa pratique c’est parfois, plutôt que de chercher à pratiquer de façon plus avancée, plus loin que là jusqu’où on peut aller ou encore dans une variante plus compliquée, eh bien au contraire pratiquer de façon plus simplifiée, de reconnaître où sont ses limites et de se laisser être en-deçà et non de se tirer au-delà comme s’il était plus accompli d’aller les repousser.
Une progression qui va dans le sens d’un mieux dans le moins, dans l’être au présent et non dans un potentiel à absolument devoir exploiter.
Lorsque l’on se projette dans ce qui pourrait être, on n’est déjà plus dans ce qui est.
Permettre alors à la volonté de se déposer pour ne plus désirer rien d’autre que qui l’on est là où l’on est, indépendamment de tous les conditionnels « ça serait », « ça pourrait », « ça devrait », …
Une progression manifestée par l’émancipation d’une perpétuelle quête de progression qui, en nous approchant d’un prétendu idéal, nous arrache à l’instant.
Une progression qui se vit davantage dans l’en-dedans plutôt qu’elle ne se voit de l’au-dehors.
Une progression dans laquelle on peut laisser place au temps et à l’espace au cœur desquels le souffle peut librement œuvrer, non parasité par les interventions de nos élans à nous emmener hors de nous pour aller là où nous ne nous sommes pas encore et où nous ne serons peut-être jamais (à moins de se faire violence pour y arriver…).
Qu’est-ce qui se passe quand on laisse place à ce qui est ? Lorsque l’on abandonne les « aller vers » pour l’ « être là » ?
Lorsque l’on sort de l’agir plus qui agite pour entrer dans l’être simple qui médite ?
Juste établi.e dans l’essence de soi qui s’offre à soi et au monde lorsque l’on ne les fuit pas pour courir au-devant de soi où nous ne sommes pas.
Alors bonne pratique à toutes et à tous, dans l’exploration de cette progression dans la simplicité de l’ici.
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Illustration : Virginia Mori
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Autre texte à lire sur le sujet : La question délicate de la progression en Yoga…