
Et parfois s’abstraire…
Ne pas s’absenter,
au contraire !
mais juste s’abstraire.
S’abstraire sans s’extraire.
S’abstraire pour être présent,
autrement.
S’abstraire pour pouvoir mieux voir le manège
– que ce soit celui du monde,
mais aussi (et surtout) celui de notre propre monde (notre esprit) –
Et simplement le regarder tourner,
lâchant l’élan d’y participer sans lequel, en réalité, on n’est pas moins vivant.
Le réaliser.
Qu’on y participe ou pas, ça tourne.
Choisir alors d’y participer,
ou pas ;
et parfois oui,
parfois pas ;
sans que l’un ne soit meilleur que l’autre,
ou inversement.
S’abstraire non comme une fuite
– quel épuisement cela serait ! –
mais comme un suspens.
Un suspens à la faveur duquel tout peut alors transparaître,
sans que quoi que ce soit ne soit forcé
ni à apparaître,
ni à disparaître ;
ni à prendre,
ni à donner ;
ni à se figer,
ni à se tranformer.
S’abstraire
et se révéler
Libre.
Et quoi qu’il arrive,
s’avérer le rester.

Illustration : Monica Barengo
Peinture sur bois : Mirella Salamé