
Selon les herbes que l’on choisit de déposer dans un sachet, le thé aura une couleur, un parfum, un arôme différents ;
Selon la durée de temps où on le laisse infuser aussi ;
Et même selon la qualité de présence et d’amour que l’on met à le préparer et ensuite à le déguster, son goût pourra tellement varier.
Toujours une tasse, de l’eau chaude, mais une multitude de possibilités…
On pourrait en dire autant de la pratique.
Selon tout ce dont on la constitue mais aussi selon tout ce qui nous constitue – et que ce soit la pratique ou nous-mêmes, il y a tant de facettes et de combinaisons à explorer – son goût peut s’avérer tellement diversifié.
Alors… Quel goût a-t-elle et comment la goûte t’on aujourd’hui notre pratique ?
Peut-on la goûter chaque jour comme une première tasse de thé, avec la curiosité de l’expérience nouvelle quand bien même elle a déjà été maintes fois renouvelée ?

De quoi compose t’on notre pratique ? Quelle est la base de la recette autour de laquelle on pourra laisser notre créativité lui permettre de se décliner d’une infinité de manières sans jamais perdre son cœur, ses fondations ?
Qu’est-ce qui compte le plus au fond ?
Ce qui fait qu’elle ne devient pas une routine autopilotée et d’une certaine façon désincarnée mais qu’elle reste toujours un rituel vivant, sacré, pleinement habité, même et surtout dans la plus grande simplicité ?
Est-on en mesure de la savourer ? Ou bien l’avale t’on tout rond avant de pouf ! remballer son tapis comme on jette sa tasse dans l’évier pour passer à autre chose parce qu’il n’y a pas que ça à faire hein tout de même !
Est-ce que l’on s’offre vraiment de la laisser infuser profondément en nous ou est-on si pressé.e qu’on ne fait que la consommer avant de l’oublier jusqu’à la prochaine fois et… et… ?
Quelle saveur laisse t’elle dans notre palais… dans notre intériorité… ?
Et en quoi cette saveur peut-elle continuer à nous accompagner comme un parfum qui laisse derrière lui un sillage qui le prolonge et qui au cours d’une journée se laisse la liberté d’évoluer pour révéler toutes ses subtilités ?

Et puis… avec qui et comment on va le partager notre thé ?
Comment son goût pourra, à travers nous, profiter à qui viendra à nous croiser ?
Est-il possible de laisser infuser jusqu’à ce qu’au-delà de la tasse de notre propre être, le nectar puisse déborder et inspirer quiconque se laisserait en être pénétré.e dans une pleine réceptivité ?
Est-il possible de ne pas le garder jalousement pour nous comme une eau qui croupirait dans un récipient – qui s’avère vide même s’il est rempli – faute d’être invitée à circuler ?
Laisser infuser. Goûter. Laisser infuser encore. Et partager.
Et l’eau chaude peut-être insipide ne deviendra pas forcément bénite pour autant mais au moins elle deviendra source vive qui révèle à soi qui la reçoit : bonté, clarté et joie.
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Illustrations : Monica Barengo
Image avec citation de Mère Teresa : Origine inconnue