Il y a ce son.
Le son du disque qui continue de tourner même une fois la chanson terminée.
La voix s’est arrêtée, la musique a cessé.
Mais il reste ce son.
Le son de ce qui continue lorsque pourtant il n’y a plus.
Le son qui témoigne sans fin que la fin n’est pas la fin.
Ça tourne encore.
Ça vibre toujours.
Même lorsque plus personne ou presque n’écoute plus.
Comme s’il n’y avait plus rien à entendre, plus rien à attendre.
Alors que.
Peut-être que c’est là, dans ce silence, qui n’en est pas vraiment un, que l’essentiel se dit et se donne.
Trace de ce qui a précédé.
De ce qui est considéré terminé et qui pourtant s’avère à jamais non-achevé.
Mais pas que trace de…
Sentir que « ça » a aussi sa propre vie, et son propre récit.
Qu’est-ce qui se poursuit lorsque plus rien n’est joué ?
Lorsque la voix, la musique… et le jeu, le costume, le décor qu’ils laissent imaginer… lorsque tout ceci s’abandonne pour ne laisser plus que cela.
| Savāsana |
Qu’est-ce qui se dit dans ce son du disque qui continue de tourner, à blanc, à vide, sans pourquoi, ni même peut-être comment ?
Comme un cœur qui bat et ce seul timbre glissé dans l’enveloppe fait à lui seul l’économie de toute lettre indestinée.
Quelle est donc la texture de ce qui se présente ainsi déshabillé de tout mot ?
Silence nu, cru, reçu ; dans toutes ses nuances tinte son sublime unique écho.
Verbe tu pour être mieux entendu comme un fin frisson juste perçu sur la peau.
Il y a ce son.
Ce son-jonction à l’oreille-écrin et à l’orée-sacrée de l’Invisible auquel l’œil ne peut rendre grâce qu’en s’ouvrant sur le Cœur.
Écouter le Silence qui se dit.
Et s’en remettre à Lui.
***
Photo : Starling murmuration, Roeselien Raimond
Yoga Sésâme 
Bonjour Marie,
Encore un texte qui m’a beaucoup touché, merci du fond du cœur. C’était l’anniversaire d’un ami le lendemain, j’étais certaine qu’il pourrait lui faire comprendre ce que je n’arrive pas faire quand je lui parle du yoga ou du corps physique. Je me suis permise de lui partager votre texte car il ne fait pas de yoga mais de la musique. Voici son retour avec ses mots :
« Et merci pour le texte de Marie. J’ai trouvé qu’il avait cette qualité étrange de pouvoir être habité presque librement. Par ce que l’on peut ressentir. D’éveiller de ces chose qui sont en soi, blotties, jamais omniprésentes, toujours présentes. Comme un parfum, une empreinte, le souvenir d’une musique qui jamais ne s’éteint. Comme la forme d’un arbre, être-trace de toute son existence. Ne sommes-nous pas des sortes d’arbres ? L’idée me plaît. J’aime les arbres.
Bonne soirée à toi Cristina.
Amicalement,Lionel »
A bientôt Marie ! Très belle journée à vous !
Cristina
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Bonjour Cristina
Merci beaucoup pour ce partage. Je suis touchée de la réponse de votre ami, des mots qu’il a choisi pour exprimer sa réceptivité aux miens. Oui pour les arbres, le cycle des saisons me semble bien dessiner ce parallèle entre la vie générale et la vie humaine, entre terre et ciel, naissance-croissance-délivrance-renaissance… avec la transformation de ce qui se détache en humus fertile pour ce qui se crée.
Je vous souhaite une bonne journée moi aussi Cristina ! Ainsi qu’à votre ami musicien Lionel 🙂
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