Chandeleur aujourd’hui – L’heure de Samasthiti

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Bon, bon, les crêpes *, ok… Mais aujourd’hui nous sommes surtout exactement à mi-chemin entre le sommeil de l’hiver et le réveil du printemps.

Ce n’est plus le moment de regarder derrière nous jusqu’au torticolis pour faire demi-tour dans la tentation-illusion de retourner se coucher dans le lit de tout ce qui a ou n’a pas été, avec nostalgie ou regret.

Il n’est pas non plus temps de se précipiter dans une course effrénée en avant vers l’Après, éblouis par le mirage du « premier arrivé a gagné » comme un lapin peroxydé toujours pressé esclave d’une montre qui est en fait déréglée.

Ainsi, il n’est ni l’heure de dormir ni l’heure de courir.
Cette mi-chemin représente plutôt l’opportunité symbolique de ressentir où l’on en est maintenant et ici, à ce stade précis de notre vie.
Ni flexion-retour-en-arrière, ni saut-bond-en-avant.

Assis en grand écart dans le « soit… soit… » – soit l’avant soit l’après, soit l’ici soit l’ailleurs, soit la tête soit le cœur, soit la sécurité soit la liberté, etc. etc. – il est temps à présent de se relever dans la présence à l’entre-deux.

Pas un entre-deux sans engagement dans lequel on ne se tiendrait toujours qu’à moitié sans jamais prendre position.

Mais plutôt un entre-deux engagé où l’on peut se sentir entier, dans un alignement trouvant le sens de son équilibre dans la nuance.

Souple oui, mais pas évaporé.
Debout oui, mais pas figé.

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Alors debout.

Juste debout.
Et c’est déjà tout.
Explorer la simplicité, tellement simple qu’elle en est trop souvent banalisée… alors qu’elle a pourtant à elle seule l’essentiel à nous enseigner…

Alors debout ! C’est l’heure !
Debout dans notre verticalité.
Ni derrière, ni devant.
Là.
Seulement là.
Entre l’avant et l’après, c’est dès à présent que Tout est.
Entre la terre sous nos pieds qui nous a engendrés en y laissant tout ce qui est enterré sans forcément chercher à creuser des tunnels dans lesquels on peut finir au fond par s’empêtrer…
… et le ciel au-delà – sans se couper de nos racines jusqu’à saigner pour s’envoler plus vite vers un Très-Haut trop haut d’un bleu immaculé que l’on fantasme plus vert que l’herbe où nous vivons pourtant déjà ce sacré miracle de pousser jusqu’à nos cœurs-sommets.

Debout ! C’est l’heure !
Ligne droite riche de tous les zigzags traversés qui de chaque chute trouve la grâce la plus inespérée de se relever avec une dignité-majesté toujours plus élevée pour mieux nous révéler.

Debout ! C’est l’heure !
Le jour se lève pour nous, il est donc l’heure de nous lever aussi pour lui.
Non pas pour qu’il puisse davantage nous éclairer ; mais plutôt pour profiter de cette nouvelle opportunité de rayonner avec et pour lui.
Non pas pour ce que l’on attend plus ou moins impatiemment qu’il va nous apporter ; mais plutôt pour toute l’étendue de notre propre lumière dont on a le pouvoir de l’auréoler.

Alors debout !
Le grand Jour – ce ni-hier-ni-demain-mais-aujourd’hui chaque jour renouvelé – va se lever.
Comme chaque matin, aube nouvelle nourrie de chacun de nos hivers mourants et nourrissant chacun de nos printemps renaissants.

C’est l’heure ! Tenons nous prêts à incarner dès maintenant – à pieds joints en nous-mêmes, comme à la marelle, entre la terre et le ciel, entre l’avant et l’après – notre simple verticalité.

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* Dans la tradition de la Chandeleur, les crêpes que l’on prépare sont en fait une représentation symbolique – à travers leur forme ronde et leur couleur jaune – du soleil dont on célèbre le retour progressif de sa lumière qui continuera de s’accroître jusqu’à culminer au moment du solstice d’été (voir Lumière sur la Gayatri pour célébrer le solstice d’été)

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Sculpture : R-Evolution, Marco Cochrane / Samasthiti – pleine présence en position debout, le Soleil(-crêpe 😉) présent au centre du Cœur

Peintures (montage personnel) : L’Hiver et Le Printemps, Paul Cézanne