
Et si ce qui n’a aucun sens avait tout de même un sens :
celui de nous inviter à abandonner de toujours en chercher.
Et s’il existait une subtile cohérence au cœur même de l’incohérence :
nous permettre de réaliser que tout ceci n’est pas aussi sérieux que l’on veut bien le penser,
que l’on peut au moins décider de l’importance que l’on veut accorder à ce qui se joue sur la scène tragi(-comi)que de notre existence,
que spectateur, acteur et réalisateur ne sont que passagers d’une réalité sans cesse en train de s’autocréer,
que même plongé dans l’absurdité, le jeu est convaincant, si convaincant que même en se pinçant, on continue à rêver tout en se croyant réveillé.
Et dans les coulisses, tout s’agite pour que le décor auquel on tient tant garde par magie l’essence dans le plus grand secret de l’illusion qui la recouvre uniquement pour qu’on la découvre ;
Si elle ne se cachait pas, c’est du plaisir de la trouver dont on se priverait…
Alors…
1… 2… 3…
Ôter les mains des yeux,
des yeux (et tout le reste) à juste laisser s’ouvrir sur ce qui est,
là, devant et en soi, au-delà de ce qui se voit
Et…
Pouvoir dès lors simplement se reposer.
Lorsque l’on cesse de les secouer – « Rrrrrrrr ! Tu vas bientôt te calmer oui ! »,
l’eau et l’esprit peuvent retrouver leur clarté inaltérée, la boue retomber et les pépites émerger.
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Photo : Partie de cache-cache, The Photography Company Bombay, début XXème siècle